Témoignage sur le séime du Teil

Le 11 novembre à 11 h 52 un séisme de faible profondeur (3 km environ) de magnitude 5,4 (avec une petite réplique de magnitude 2,5) a secoué  Le Teil, commune de 8500 habitants en Ardèche.  Une faille proche a subi un mouvement de compression avec un déplacement de 10-15 cm.  Les personnes ont entendu un bruit qui ressemblait à une explosion, ont été brusquement déplacées pendant que de nombreux objets voire éléments de l’habitation tombaient. Il n’y a eu fort heureusement que 4 blessés, mais les dégâts aux bâtiments publics et aux habitations sont considérables ; 1600 propriétaires et locataires, dont les logements ont été touchées à des degrés divers, se sont déclarés auprès de la mairie. La centrale nucléaire de Cruas, proche, a été arrêtée pour des vérifications.

La cellule d’urgence de l’Association française de génie parasismique (AFPS), constituée de bénévoles, inspecteurs de bâtiments en situation d’urgence post-sismique, a été mobilisée par le Ministère de l’Intérieur. Sous l’autorité du Préfet, chaque jour, une dizaine de binômes d’inspecteurs a procédé à des diagnostics de bâtiments de particuliers ; chaque binôme était accompagné et piloté dans la commune par un agent territorial. Les bâtiments publics, dont 4 écoles, 2 collèges et un lycée, étaient confiés à un bureau d’étude. Les bénévoles de l’association Pompiers de l’urgence internationale ont appuyé le travail des inspecteurs de l’AFPS grâce à un drone permettant d’observer l’état des toitures ; en effet les sapeurs pompiers, plus de 150 (grâce aux renforts venus d’autres départements)  ont enlevé un grand nombre de cheminées et le sommet de l’église qui menaçaient de s’écrouler.

Après chaque expertise par le binôme d’inspecteurs de l’AFPS, expertise essentiellement axée sur les dégâts aux structures porteuses, un rapport comportant un avis sur l’entrée dans le logement (vert : occupation possible, jaune : bâtiment dangereux, ne pas séjourner, rouge : ne pas entrer, risque d’effondrement) était envoyé à la préfecture qui prenait, dans la demi-journée, une décision communiquée aux occupants via un arrêté municipal par la police municipale ou la gendarmerie. Cette démarche était indépendante des expertises réalisées par les assurances.

La mairie organisait la prise en charge et l’hébergement des personnes qui ne pouvaient pas rejoindre leur logement et n’avaient pas de connaissances susceptibles de les héberger. La majorité des habitations sérieusement touchées (classement en rouge et en jaune) sont anciennes, bâties avec des moellons et sans chaînage ; certains logements très vétustes étaient occupés par des personnes, locataires, dans une situation de grande précarité sociale ; d’autres, personnes âgées et jeunes, aux ressources modestes, avaient investi toutes leurs économies pour rénover récemment l’intérieur de leur maison ou de leur appartement ; en quelques secondes, le séisme a anéanti leurs espoirs d’une vie meilleure ; beaucoup de commerces ont dû cesser leur activité. D’ailleurs, une cellule d’urgence médico-psychologique a été activée pour prendre en charge les personnes traumatisées par cet événement.

Maintenant, en sus des réponses matérielles et du suivi des victimes sensu lato, il serait opportun de mener des actions de sensibilisation sur le risque sismique et au-delà, car dans la même période, un épisode neigeux, et des pluies abondantes faisant grossir les cours d’eau ont impliqué la commune ;   les jeunes sont particulièrement concernés par cette indispensable sensibilisation ; la balle est entre les mains de l’Education nationale qui peut compter sur l’appui de l’IFFO-RME.

Philippe Lacordais

Inspecteur AFPS et formateur RMé

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